C’est donc à Péronne, chef-lieu de la Haute Somme que nous nous sommes retrouvés pour évoquer le risque de la désertification médicale qui frappe notre département.
Accompagné de Mesdames Hélène Taillandier et Marie Gabrielle Dubreuil, respectivement directrice départementale de l’ARS et de la CPAM, et avec la participation de Gilles Noel, Vice-Président de l’AMRF (Association des maires ruraux de France) et de Marion Da Ros Poli et Edrian Rossignol de l’ANEMF (Association Nationale des Etudiants en Médecine de France), l’objectif était de faire un tour d’horizon des réformes et actions possibles pour « attirer les médecins dans le désert ».


Si le fait que 87% du territoire national soit répertorié en désert médical peut légitimement poser question, tant le maillage et les indicateurs utilisés masquent des situations plus contrastés (même l’Ile de France qui dispose de moyens de transport en commun particulièrement développés en fait curieusement partie), l’accès au soin est, et devrait être encore pour les 10 ans à venir, un enjeu particulièrement important.
Sur le territoire de la Haute Somme, choisi pas tout à fait innocemment pour cette rencontre, 18 médecins généralistes seulement sont aujourd’hui en activité et 50% d’entre eux ont d’ores et déjà plus de 60 ans.
Au cours de la soirée M Gilles Noel aura insisté sur l’enjeux de l’accès au soin dans les territoires ruraux. Les habitants y auraient une espérance de vie de 2 ans inférieure aux urbains et 1/3 de cet écart serait lié à la différence de l’accès au soin. La justice sociale passe donc aussi par là.
Les territoires les plus carencés, dont les territoires des Communautés de communes de Haute Somme et de l’Est de la Somme font partie, peuvent officiellement bénéficier des 2 journées de solidarité territoriale mensuelles demandées aux médecins. Initialement imaginées pour tous les médecins, quelque soit leur spécialité, ces 2 journées de solidarité sont finalement demandées aux seuls généralistes et encore faut-il qu’ils soient volontaires. Ainsi la MSP de Epehy qui dispose de locaux disponibles ne trouve pour le moment pas preneur mais l’ARS continue malgré tout ses recherches.
Les représentants des étudiants en médecine ont pu tordre le coup à quelques à priori en insistant sur le besoin de diversifier leurs terrains de stage tout au long de leur formation. La 4eme année d’internat pour les étudiants en médecine générale avec 2 stages d’un semestre en ruralité ne sont pas forcément mal perçus par ces derniers mais cela interviendrait un peu tardivement dans leur cursus. Ces docteurs juniors arriveront dans les cabinets médicaux dès novembre 2026, demain donc ou presque. D’ici là l’ARS recherche là aussi des médecins volontaires pour devenir MSU, Maitre de Stage Universitaire, et pouvoir accueillir et superviser ces futurs jeunes praticiens.
Au cours de la soirée, la CPAM a pu aussi présenter les dispositifs d’accompagnement notamment pour le recrutement d’assistants médicaux, ou le guichet unique qui rassemble l’ensemble des informations et accompagnements disponibles : subvention, inscription Urssaf, conventionnement, locaux disponibles, accompagnement à la création d’activité entrepreneuriale…
M Noel, qui a sillonné la France sur ce sujet, a souligné le caractère exceptionnel de ce guichet unique ainsi que la visible très bonne entente départementale entre l’ARS et la CPAM, qui n’est malheureusement pas la règle sur le reste du territoire national.
Les débats sont malheureusement arrivés à la conclusion que le principal problème ne venait pas tant de la localisation des médecins mais de leur nombre. Le numerus clausus a mis trop longtemps à être remis en cause. Et au problème nombre de médecins s’ajoute l’évolution des modes de vie qui pousse ces derniers à avoir un équilibre de vie (pro/perso) plus favorable. Il n’est pas rare que 2 jeunes médecins soient nécessaires pour remplacer un médecin partant à la retraite.
Les territoires se retrouvent de fait en compétition les uns avec les autres pour attirer des médecins. Certains, comme à Bernaville, sont donc tenté de salarier leur médecin, quand d’autres cèdent aux sirènes qui promettent parfois monts et merveilles avec des cabines de télémédecines. Dans tous les cas l’ARS peut accompagner et conseiller les élus locaux qui voudraient prendre ce sujet à bras le corps.
Certaines collectivités ont pris des risques en construisant des locaux qui restent parfois désespérément vides. D’autres investissements, plus indirects peuvent s’avérer parfois plus utiles. Au-delà des locaux professionnels, la production d’hébergements pour Etudiants en Santé peut être une option.
Plus éloigné de la problématique principale, nous pouvons citer l’exemple d’Hallencourt qui a finalement attiré un médecin en facilitant l’installation d’une mini-crèche sur son territoire. Les médecins sont aussi des habitants comme les autres qui choisissent leur lieu de vie en fonction des services qu’ils trouvent à proximité. Les élus doivent donc travailler à l’attractivité globale de leur commune.
Je remercie la commune de Péronne pour son accueil ainsi que tous les participants nous ayant permis d’avoir un échange riche et notamment:
Hélène TAILLANDIER, Directrice de la délégation de la Somme de l’ARS
Marie Gabrielle DUBREUIL, Directrice de la CPAM de la Somme
Marion DA ROS POLI et Edrian ROSSIGNOL de l’ANEMF (Association Nationale des Etudiant en Médecine de France)
Gilles NOEL, vice-président de l’AMRF (Association des maires ruraux de France)