Le Président fraichement réélu avait pourtant déclaré qu’il était conscient d’avoir bénéficié d’un front républicain et que cela l’obligeait. Mais cela l’obligeait à quoi ? Visiblement pas à être moins omnipotent et vertical dans sa gouvernance, ni plus nuancé dans la politique menée. Les inégalités, le nombre de pauvres, les demandes de logements et le désespoir n’ont jamais été aussi haut. C’est donc sans surprise que les Français ont utilisé les élections européennes de 2024 pour sanctionner le Président et son gouvernement.
Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, notre pays vit une instabilité politique d’une rare intensité. Bien qu’en minorité, le Gouvernement s’est depuis obstiné dans sa politique libérale avec le soutien des LR et du RN qui a enfin fait tomber son masque et vote la majorité des réformes libérales initiées par le Gouvernement.
Censure, démission, les gouvernements changent mais les ministres restent et appliquent encore et toujours une politique d’austérité en faveur des plus fortunés, en faisant peser l’effort sur les travailleurs.
À l’heure du débat budgétaire, mon camp politique a choisi de ne pas censurer le gouvernement pour tenter de corriger le Budget Lecornu. J’assume ce choix de responsabilité. L’impact pour nos collectivités pourrait être trop grave. Les socialistes, qui bien souvent ont un attachement territorial et l’expérience de la gestion de nos communes, EPCI et départements, tentent de peser de tout leur poids pour que le Parlement adopte un budget plus équilibré et plus juste socialement et fiscalement.
Au moment où nous imprimons ces quelques lignes, le débat fait rage et la désormais célèbre Taxe Zucman n’a pas été encore tranchée. Rappelons qu’elle ne concerne que les milliardaires et que l’objectif est qu’ils payent un minimum d’impôt, soit le même niveau d’imposition que les travailleurs de nos territoires qui, eux, n’ont pas le luxe d’échapper à l’impôt par un système de holdings. Malgré tout, je doute qu’elle soit finalement adoptée. Les caricatures qui peuvent en être faites ne sont pas dignes du niveau de débat que notre pays est en droit d’attendre de ses représentants.
Sans recettes supplémentaires prélevées sur les plus riches, nous serions contraints de faire les poches des retraités, des malades, des enfants et de leur famille mais aussi de nos collectivités. Le dispositif DILICO pourrait être reconduit et même doublé. Les ajustements du conseil départemental notamment, pourraient être très douloureux pour ses services et pour le précieux soutien qu’il apporte aux communes.
On nous annonce aussi, sans rire, la suppression de postes de fonctionnaires en usant du fantasme selon lequel ils ne feraient rien ou ne serviraient à rien. Quelle honte ! Enseignants, infirmières, médecins, policiers… Voilà les fonctionnaires d’État, des collectivités locales ou de la fonction hospitalière dont nous avons tous besoin. Ils sont les acteurs de notre modèle social, presque unique au monde qui fait notre fierté. Les services publics sont le patrimoine de ceux qui n’en ont pas, ne l’oublions pas.
Edito extrait de ma lettre trimestrielle n°19 de octobre 2025 :